La SABIX
Bulletins déja publiés
Biographies polytechniciennes
 

Michel Ange LANCRET (1774-1807)

Ce texte a été publié dans le Livre du Centenaire de l'Ecole polytechnique, 1897.

Lancret, si la mort ne l'avait pas frappé avant l'heure, fût devenu certainement l'une des gloires de la première promotion. Né en 1774, entré à l'Ecole en 1794, il fut choisi, avec Biot, Malus et Francœur, pour faire partie des vingt-cinq premiers chefs de brigade. Sorti en 1797, il prit part, l'année suivante, en qualité d'ingénieur des Ponts et Chaussées, à l'expédition d'Egypte.

Lancret se fit remarquer, durant toute cette campagne, par son intelligente ardeur. Tantôt seul, tantôt en collaboration avec Chabrol de Volvic [1773-1843 ; X 1794] ou Dubois-Aymé [1779-1846 ; X 1796], il entreprit l'étude de divers monuments de la vallée du Nil. L'Institut d'Egypte lui donna, dans la section des Sciences mathématiques, la succession de Say. Attaché au général Belliard, il pénétra l'un des premiers dans l'ile de Phike. De retour en France, il fut chargé de diriger la publication du grand ouvrage sur l'Egypte, et rédigea divers Mémoires sur l'architecture et les antiquités de ce pays.

Mais en même temps il poursuivait avec succès ses études de Géométrie. Sa réputation dans cet ordre de travaux est fondée sur deux Mémoires, présentés à la première classe de l'Institut de France en 1802 et en 1806. Lancret s'y est attaqué à la théorie des courbes à double courbure, dont Monge avait jeté les premiers fondements. Du coup, selon l'expression de Chasles, il a porté cette doctrine à un rare degré de perfection. C'est lui qui a réussi à intégrer les équations différentielles des développées proprement dites. Son Mémoire de 1806 renferme la théorie, entièrement nouvelle, des développements des courbes planes ou gauches.

Tant d'activité semblait présager une carrière féconde. Mais Lancret était de ceux chez qui, suivant l'expression consacrée, la lame use le fourreau. Atteint de phtisie, il succomba en 1807, trop tôt pour que l'Académie se soit trouvée en mesure de donner à son mérite une consécration qui, sans cela, ne lui eût certainement pas manqué.

A. de Lapparent.